(di Anthony Brown) – A colloquio con la professoressa Hoda Nehmé (foto a sinistra), Decano della Facoltà di Filosofia e di Scienze umane dell’Université du Saint-Esprit di Kaslik (USEK), in Libano. Un lucido resoconto dello Stato di diritto, una profonda riflessione sulla nuova società libanese e soprattutto un appello inequivocabile alla realizzazione di una società più giusta e ispirata ai valori del rispetto della dignità dell’uomo.
L’État de droit et citoyenneté.
La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Par conséquent, les sociétés modernes ne peuvent légitimement justifier la détention et l’ exercice du pouvoir que par référence au gouvernement “du peuple, par le peuple, pour le peuple”. Donc l’État doit être avant tout l’État du peuple et de sa volonté. Autrement dit, la construction formelle de l’ État de droit et la logique substantielle de la fondamentalité ne valent qu’en tant qu’elles sont acceptées par les citoyens et la volonté générale qu’ils expriment.
Force est de constater la complexité du concept de citoyenneté confronté à une volonté communautaire déterminée censée intégrer une “union politique” élargie, c’est-à-dire dès qu’il doit passer du cadre polis au statut de civis romanus sum. La citoyenneté dans nos contrées moyen orientales surgit tantôt borgne, tantôt manchote et tantôt faible et fiévreuse. Son état secoue la conscience des éclairs pour lui donner le coup d’envoi susceptible de la sauver de l’extrémisme religieux, de la soustraire à l’enclave communautaire, de l’affranchir du clientélisme et du népotisme néfastes et de la placer sur le chemin de l’État de droit qu’elle construit elle-même par son combat et sa vigilance quotidienne à tous les niveaux.
La citoyenneté libanaise est en mutation?
Comme nous le savons tous, le Liban qualifié par certains d’État tampon, par d’autres d’État en voie de disparition et reconnu par le feu Pape Jean Paul II comme le “Pays message”, celui qui doit servir de modèle aux sociétés hétérogènes plurielles; ce Liban est au-delà de toutes les formes stéréotypées de la citoyenneté. C’est un terre d’ accueil par excellence, le pays du lait et du miel, la demeure de toutes les minorités religieuses persécutées au fil des âges, c’est le Pays de cet ancien peuple aventurier qui a inventé l’alphabet et donné à l’Orient comme à l’Occident l’outil de leur communication écrite, c’est l’âme de l’ esprit du Proche et Moyen Orient, en même temps la crise de conscience de l’Occident moderne et contemporain.
Le Liban qui depuis 1860 jusqu’aux accords de Taef n’a cessé de construire une identité et une citoyenneté, semble, tous les 15-20 ans, appelé à subir le sort détestable d’une vielle nation plurielle et multiculturelle. Les communautés religieuses du tissu national libanais ne sont pas parvenues, à cause de leurs anciennes allégeances, à faire le sevrage ou, plus largement, le deuil, et couper le cordon ombilical avec la communauté ou la nation mère à laquelle elles étaient affiliées.
Cette réalité indélébile a imposé à la société libanaise une vie en mutation constante, souvent déséquilibrée et habitée par l’angoisse de céder de laisser l’autre faire…ou de faire et de décider seul…
Aujourd’hui, suite aux épreuves vécues au niveau de toute la nation, aux tragiques conséquences issues d’une citoyenneté fragmentée, le Liban annonce, bien qu’avec beaucoup de peine, de concession et de surpassement, une nouvelle naissance. Les groupes, partisans et opposition, sont une forme de rivalité politique et non religieuse ou confessionnelle. Cette scène inédite de la vie politique traditionnelle qui a valu au pays plus d’une guerre civile au cours des dernières cinquante années.
Le sunnite libanais, anciennement fidèle au régime califal, réclame l’identité libanaise en premier lieu, le chiite en quête d’une communauté nation se voit revendiquer la démocratie consensuelle au Liban, le chrétien qualifié hier d’occidentalisé, se retrouve acteur dans les mouvements musulmans naissants qui ont fait un pas géant dans leur approche de la notion de citoyenneté libanaise. Le dernier tour de force pour ne pas manquer la locomotive de concordance et du salut, s’exprimerait dans un déploiement d’efforts pour construire l’État de droit vraiment légitime, celui qu’accouchent les épreuves et les souffrances partagées.
Identité, diaspora et citoyen du monde.
Nous nous souhaitons l’émergence d’une citoyenneté spécifique habilitée à coexister avec une citoyenneté universelle sur une planète terre forgée par l’Homme dont il est question dans l’ Écriture “faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance”, c’est-à-dire “donnons lui une âme intellective capable d’appréhender les espèces intelligibles”.
Cet homme sorti de l’étincelle échappée à la bague de Dieu doit apprendre que tout bouge et doit impérativement bouger, que les idées d’hier ne sont pas nécessairement celles d’aujourd’hui, que toute société demeure un chantier en transition et en perpétuelle construction, que la seule constance viable est le changement, que tout être humain est une entité en lui- même digne d’amour, de justice et de respect.
Si l’Occident repense aujourd’hui la notion de fraternité, d’égalité et de l’État de droit, s’il redéfinit la portée politique et philosophique de la démocratie, de la pluralité et de l’hégémonie, et si la force des nations développées relève surtout d’un savoir constamment révisé, l’Orient dont le Liban, est appelé à:
1. briser les frontières entre les pays musulmans et ceux non musulmans,
2. purifier la mémoire des peuples des scories qui ont souillé la citoyenneté dans sa pudeur et des séquelles qui remontent désormais à un temps revolu,
3. faire l’effort de démocratiser les sociétés arabes et musulmanes et les soutenir dans leur entrée dans l’acceptation de l’autre différent comme étant un citoyen du monde égal à moi,
Aborder le pluralisme culturel comme forme de résistance contre l’hégémonie et la standardisation de la pensée et de la personne.
Nous pouvons multiplier infiniment les “si” et proposer indéfiniment les thèses sur la citoyenneté. Le temps presse, plusieurs parmi nous doivent regagner leur pays.
Hoda Nehmé è Decano della Facoltà di Filosofia e di Scienze umane dell’Université du Saint-Esprit di Kaslik (USEK), in Libano, ed è un’esperta nel Sinodo Patriarcale maronita. È autrice di numerose pubblicazioni sul pensiero arabo moderno e contemporaneo.
Altri siti di interesse:
http://www.oasiscenter.eu/it
http://www.oasiscenter.eu/node/7772
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